QUÉBEC, QC: Le Centre juridique pour les libertés constitutionnelles (CJLC) annonce qu’une lettre de mise en garde a été envoyée au Premier ministre du Québec, François Legault, suite à l’intention qu’il a manifestée de bannir la prière dans les espaces publics, tout en déclarant entrevoir de recourir à la clause dérogatoire. Une telle interdiction entrerait en contradiction avec les principes sur lesquels reposent la laïcité de l’État, en particulier la neutralité de l’État et la liberté de religion.
Le 6 décembre 2024, le premier ministre Legault a déclaré que son gouvernement envisageait d’interdire la prière en public, cette déclaration faisant suite à un scandale ayant fait grand bruit dans les médias la semaine dernière à l’effet que des élèves musulmans d’une école secondaire de Laval prieraient dans les classes et les couloirs de l’école avec l’assentiment des professeurs.
Le premier ministre Legault a affirmé que « voir des gens qui prient, dans les rues, dans les parcs publics, ce n’est pas quelque chose qu’on souhaite au Québec… Quand on veut prier, on va à l’église, on va à la mosquée, mais pas dans les espaces publics. Et oui, nous allons examiner les moyens par lesquels nous pouvons agir légalement ou autrement ».
Le premier ministre Legault a en outre indiqué que son gouvernement était prêt à invoquer la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés, qui mettrait une telle mesure législative à l’abri de toute contestation constitutionnelle pendant une période de cinq ans.
Dans une lettre de mise en garde adressée au premier ministre, l’avocat constitutionnaliste Olivier Séguin a écrit que loin de renforcer la laïcité, l’interdiction de prier dans les lieux publics contredirait les principes sur lesquels la Loi sur la Laïcité repose, en particulier : « (1) la neutralité religieuse de l’Etat, (2) l’égalité de tous les citoyens, et (3) la liberté de religion ».
« Votre façon d’aborder la situation suggère, a déclaré Me Séguin, une conception militante, antireligieuse et dogmatique d’une des pratiques les plus saines et les plus anciennes que l’être humain ait entretenues dans ses relations avec ses semblables et avec la transcendance. »
« Le bannissement de la prière que vous annoncez emprunte aux accents intolérants de l’athéisme d’État qui a pullulé à l’est du rideau de fer au cours du vingtième siècle, et dont l’Histoire n’a retenu que de tristes souvenirs ».